Angry Reacts Only: peut-on numériser l’ironie?

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L’ironie sur le net et la possibilité de numérisation de cette dernière à l’ère des memes studies.

Mon intention est d’explorer les memes comme évolution/transformation  du langage dans l’espace numérique en montrant en quoi cette enquête peut nous en dire de notre société et de la manière dont nous communiquons. Je m’intéresserai notamment à la question de l’ironique dans la communication sur le Net qui est de plus en plus problématique et répandue à notre époque. Par conséquent, je soulignerai les enjeux épistémologiques qui émergent du croisement entre memes studies et ironie. Donc, je chercherai à répondre à la question “peut-on numériser l’ironie?”, en montrant quels sont les défis majeurs des memes studies en ce qui concerne le ton ironique, tout en explorant le potentiel de l’ironie comme force politique subversive. 

L’internet meme

L’étude des memes, la memetique, naît avec l’ouvrage de Richard Dawkins de 1976, The Selfish Gene. Dans ce livre il proposait l’idée de meme comme d’une unité de culture qui se propage de manière importante entre les personnes à travers la copie et l’imitation, de manière analogue aux gènes. Pourtant le terme a eu le succès populaire qu’il méritait qu’après la moitié des années 2000, grâce à l’Internet 2.0. De fait, aujourd’hui, le terme meme est souvent utilisé pour parler d’Internet meme, donc d’un contenu visuel/textuel propagé sur le Net. Le mérite d’Internet a été de donner une vitesse accéllérationniste1 et presque hystérique à ce phénomène. Le rôle d’un espace numérique tel qu’Internet est souligné par Beaude, dans son ouvrage de 2012. Ce dernier met en valeur le rôle central des espaces et des techniques numériques nouvelles, qui oriente nos actions dans ces espaces et qui encadrent nos comportements par ces techniques. Par conséquent, dans cet article, j’envisagerai l’internet meme comme une nouvelle forme de communication propre à Internet en tant qu’espace et à ses nouvelles possibilités liées au partage de contenus audiovisuels.
Pour commencer, j’aimerai donc proposer une définition de l’Internet meme, pour mieux clarifier ses différentes dimensions et formes possibles. Limor Shifman dans son ouvrage de 2014, Memes in Digital Culture, souligne la nature des internet memes comme “diffused units incorporating several memetic dimensions” et comme “groups of content units with common characteristics” et pas comme entités singulières. De plus il affirme qu’un meme est construit par son contenu (l’idée et les idéologies), sa forme (l’incarnation physique du message) et sa posture (son positionnement à l’égard de ce qu’il propose). Cette dernière est composée par trois sub-dimensions: la structure de participation (qui définit qui peut participer et comment), le ton (le style de communication) et la/les function/s communicative/s. En combinant cette définition de meme avec le principe proposé par Dawkins l’auteur conclut qu’un internet meme est: 


a group of digital items sharing common characteristics of content, form, and/or stance, which were created with awareness of each other, and were circulated, imitated, and/or transformed via the Internet by many users.

Limor Shifman (2014)

L’ironie dans les memes, mais en général comme pratique linguistique, est difficilement repérable à niveau graphique/linguistique, comme je le démontrerai dans le deuxième chapitre. C’est souvent le ton, l’approche au sujet qui peut être ironique, et ne pas le contenu ou la forme en soi. En tout cas, il s’agit d’un phénomène linguistique très ancien et complexe, qui a été réactualisé par le postmodernisme, par Internet et par les memes. Dans cette époque, tout a un potentiel memetique, même l’ironie.

Ironic meming is now a meme itself so we all lose 

@FilthyFrank

Les communautés sur Reddit et 4chan fabriquent memes tous les jours. Pourtant, la popularité des memes est relative et éphémère. En fait, comme une étude sur le life span des memes publiée sur The Outline nous l’indique, les memes, en 2018, ont une vie moyenne de 4.017 mois. Ce mouvement rapide de constant changement est une cause/conséquence du concept de post-ironie qui a émergé ces dernières années, qui résulte dans la moquerie exhaustive de tout, dans un détournement ultime de ce qui nous entoure dont les choses ne sont jamais plus prises au sérieux (et qu’on est conscient de ça), au moyen d’une rhétorique apparemment confuse, qui n’explicite pas si le contenu absurde doit être pris au sérieux ou de manière ironique. À mon avis, il est possible de noter, dans ce mode discursif, une source de problèmes épistémologiques en ce qui concerne l’étude de memes à grande échelle: les memes studies. J’y reviendrai plus tard, dans la deuxième partie de ce texte. 

Par exemple, ces deux memes (figure 1 & 2) sont presque incompréhensibles pour quelqu’un qui ne connaît pas le sens implicite qu’ils convoquent. Plusieurs niveaux d’ironie sont présents dans chacun de ces « dank » memes qui rendent leur contenu assez compliqué à déchiffrer. Le concept de « dank » illustre l’épuisement comico-ironique des memes à travers leur excessive circulation/manipulation, et engendre dans des memes avec une esthétique grossière, où “excessively poor image quality, color bleeding or extremely saturated and modulated colors, or patterns indicate that the image has been compressed and decompressed extensively”2. De même manière que sa forme, son ton a également été détruit par abus. Ce qui en résulte, c’est une forme de post-ironie, très difficile à saisir, car très distanciée de la réalité. Pourtant, Internet a donné la possibilité à ces produits de naître et de trouver leur propre foyer où se développer (Reddit, 4chan, etc…)3. Bien que leur usage soit confiné à des niches (par rapport à des memes plus accessibles), ces niches sont en train de grandir de plus en plus et c’est devenu aussi impossible qu’hasardeux de les négliger analytiquement. Avec ces exemples extrêmes, je voulais montrer jusqu’à quel point l’ironie a été développée, tout en soulignant sa forte présence sur le Net. Dans la suite de l’article, je vais aborder l’ironie de manière plus générale, comme mode discursif. Pourtant, il me semblait juste et pertinent d’illustrer la présence du phénomène post-ironique, vu qu’il thématise une certaine tendance expressive, issue du net.  En fin, il est possible d’affirmer que l’ironie est une pratique sociale…


Peut-on numériser l’ironie?

Le défi majeur que cette “hyper-ironisation” issue des dank memes, de l’accélerationnisme et éventuellement de la post-ironie, à l’égard de l’étude des memes est, comme je l’ai annoncé avant, lié au repérage qualitatif d’un contenu d’un meme dans une enquête algorithmique quantitative, basée sur des milliers de données. Est-ce qu’un algorithme peut comprendre si la posture, le ton d’un meme est ironique? 


« The analysis of figurative language is one of the most arduous topics that natural language processing has to face. Unlike literal language, the former takes advantage of linguistic devices, such as metaphor, analogy, satire, irony, and so on, in order to communicate more complex meanings which, usually, represent a real challenge, not only for computers, but for humans beings as well. This kind of communication entails cognitive capabilities to abstractly represent meanings beyond simple words, or beyond syntax and semantics. In this layer, a communication act entails more than sharing a common code, and it entails information not grammatically expressed (e.g. cultural or social referents, contextual knowledge, as well as linguistic competence) in order to be able to uncover the real meaning »

Reyes & Rosso (2013)

Ce problème de détection de l’ironie verbale par une intelligence artificielle a été étudié à plusieurs reprises par Reyes et Rosso (2012, 2013). Le problème de base, comme l’expliquent les auteurs, est de saisir une information qui n’est pas présente au niveau grammatical ou visuel, propre au contexte et au ton de la formulation, donc implicite à l’ironie. En fait, le mode ironique est très subtil, tant il est une forme de négation sans des marqueurs explicites de négation, qu’il permet d’entendre l’opposé de ce qui est dit. Ces caractéristiques font de l’ironie un mode très opaque, difficile à saisir par les systèmes informatiques, comme parfois par les humains. L’approche proposée par les auteurs consiste au repérage des outils linguistiques et métalinguistiques typiques de l’ironie, comme l’ambiguïté, l’incohérence, la polarité et l’émotion. Cette tâche est tout à fait pertinente, du moment qu’elle peut permettre d’affiner les investigations numériques concernant la publicité comportementale, l’analyse des sentiments, la découverte des trends, etc.

Cette image du célèbre personnage de la série The Big Bang Theory est à mon avis emblématique de l’étude épistémologique en question dans cet article. En fait, Sheldon est un nerd hyper-intelligent, plus proche d’un ordinateur vivant que d’un humain, étant donné qu’il ne connaît pas les codes de socialisation. En outre, et c’est cet aspect que je trouve intéressant, il ne comprend pas le sarcasme (forme d’ironie). Mais sur cette photo on le voit avec un t-shirt de Reddit (site qui, comme on l’a vu avant, est un des berceaux des memes et de l’ironie). Par conséquent, on voit dans l’image un ordinateur qui s’approprie un monde qu’il ne comprend pas. Donc, il est possible d’envisager cette photographie comme une problématisation de la possibilité de comprendre l’ironie numériquement. 

À mon avis, il est possible d’affirmer que la memetique, science sociale qui étudie les memes, ce monde du net imprégné d’ironie, a intérêt à affiner sa pratique en détectant et en divisant les memes selon la posture qu’ils entraînent envers le contenu traité. De cette façon, un meme qui se moque ironiquement d’un post Twitter d’un politicien, par exemple, serait automatiquement (de manière computationnelle) distingué par un meme qui en embrasse les contenus idéologiques. Dans leurs études, Reyes et Rosso ont démontré que cela n’est pas du tout une tâche facile. Dans l’article de 2013, ils proposent 50 phrases à deux annotateurs humains. Ces derniers devaient juger si la phrase était ironique ou pas. Les résultats ont montré que la phrase seule n’était pas suffisante pour juger de manière correcte le ton, à cause d’un manque de contexte. Au contraire, une grande amélioration de la qualité des résultats a été constatée par les auteurs, lorsqu’il proposent aux annotateurs le texte entier dont les phrases sont issues (contexte). Bien qu’il y aient des figures textuelles qui peuvent suggérer l’ironie, la ponctuation (!,?,emojis, etc.), la counter-factuality (prépositions de négation comme yet ou nonetheless), l’utilisation de mots émotionnellement chargés (qui activent plus facilement une réponse émotionnelle ou qui aident à la visualisation figurative), etc., les auteurs soulignent qu’il n’y a pas de véritable marqueur linguistique propre à l’ironie et que le contexte joue un rôle fondamental. De plus, une étude plus récente (2017) menée par Deliens, Antoniou, Clin, Ostashchenko et Kissine, en confirmant l’importance primaire du contexte pour comprendre l’ironie, suggère le rôle central des expressions faciales et de la prosodie dans certains cas (exercice de discrimination). En fait, le ton et le rythme de la voix, tout comme l’expression faciale peuvent nous aider à comprendre la nature d’une phrase. 
Pour ce qui concerne l’application possible dans les meme studies, je soutiens que toutes ces caractéristiques de l’ironie (contexte, prosodie et expression faciale), qui peuvent nous aider à la détection, sont difficilement actualisables dans la forme image/texte de memes. L’algorithme en question devrait être capable, au moins, de se renseigner sur la personne qui a publié le meme, sur les espaces de publication (sub-reddit, page Facebook spécifique), sur la community qui a eu accès au contenu, à leurs profils et à leur jugement. Tout cela devrait être mis en rapport avec le contenu du meme, à un niveau visuel et textuel. Peut-être qu’on arrivera à quelque chose de très précis dans le futur. Pourtant, considérant l’état actuel, la technologie4 ou l’étude de l’ironie comme mode discursif ne sont pas suffisamment développées. La détection de l’ironie est très (trop) difficile comme tache à demander à un ordinateur. L’objectivité des enquêtes se heurte à la subjectivité de la pratique ironique qui, comme l’ont montré à plusieurs reprises Rosso et Reyes (2012, 2012, 2014, etc.), reste très difficile à décortiquer pour les intelligences artificielles (et aussi pour les humains). Cependant, la possibilité de se cacher (même si de manière limitée) des enquêtes numériques sous des couches d’ironie est très intéressante. Cette possibilité d’échapper à la connaissance numérique a déjà été pratiquée et problématisée ces dernières années par différents memes que j’irai approfondir dans la troisième partie de cet article. J’espère avoir souligné, au travers des exemples et des études récents, le problème épistémologique des meme studies qui me préoccupe, dans cette époque dont l’ironie est de plus en plus présente et compliquée à saisir sur le Net. 


Isolation et protection dans les couches d’ironie

In the digital age, irony can be used as a device whereby friends and peers learn how to walk together across semiocapital’s desert of the real by developing non-integrated, conjunctive, and unpredictable forms of communication. Because they rely upon and are themselves productive of chaoids—temporary assemblages emerging from the chaos of the infosphere—these ironic forms of communication are in my opinion hardly reconcilable with the nihilistic strategy of symbolic death advocated by Baudrillard.

Deseriis dans son article du 2012, analyse le concept d’ironie et l’approche ironique proposée par le philosophe italien Franco « Bifo » Berardi et l’étend au monde numérique. Selon Berardi, l’interprétation ironique des événements présuppose un langage, une compréhension commune entre individus. Ce lien, entre personnes engagées dans « the ironic act », s’autonomise envers ce qu’il appelle « the dictatorship of the Signified ». En fait, cette communication alternative s’isole des codes compréhensibles et utilisés par tout le monde. En plus, Desertiis, souligne que ce mode de communication, dans une époque comme la nôtre, dont la communication à haute vélocité demande de plus en plus de réponses immédiates et non ambiguës, l’acte ironique peut être lu comme une forme de résistance, qui récupère la logique interprétative de la communication qui contraste les codes de la connectivité moderne. L’ironie devient donc, pour Bifo comme pour Desertiis, un acte esthético-politique (à ne pas confondre avec le cynisme) qui, en mobilisant la sensibilité humaine (interprétation), s’isole des fonctions algorithmiques et menace le Capitale, qui aujourd’hui cherche à tout comprendre à travers des statistiques et des calculs informatiques. Dans la pratique, il est possible de noter des comportements qui s’alignent avec la forme de résistance proposée par Berardi. Les memes « Grass Mud Horse » et « Angry/Sad Reacts Only », par exemple, sont deux cas parmi d’autres de meme concernés par la thématique d’isolement/protection, dans la communication numérique, parmi les actes d’ironie.
Le premier, le “Grass Mud Horse”, est un meme chinois symbole, avec le “River Crab”5, de la résistance contre la censure d’Internet en Chine.

« Grass Mud Horse », en chinois, consiste dans les mêmes lettres, mais avec un ton et des caractères typographiques différents, à une expression qu’il est possible de traduire: « Fuck your mother ». Vue la stricte censure politique en Chine et l’interdiction de mener des discours qui sont contraires à l’idéologie communiste du régime, ce meme est devenu très populaire entre les netizens6 en devenant une véritable mascotte de la résistance à la censure et au parti. Ce meme, dans un premier moment impossible à détecter par les algorithmes, puisque caché sous quelque couche d’ironie, a, après quelque mois, acquis un succès global qui (i r o n i q u e m e n t) a contribué à le démasquer. Le 30 mars 2009, après une nouvelle directive pour ce qui concerne le contenu interdit sur le net, la grande partie des contenus figurant le Grass Mud Horse a été effacée d’Internet par les censeurs gouvernementaux. Pourtant, son impact a été énorme, dans et dehors du net. Des artistes chinois engagées, comme par exemple Ai Weiwei, ont repris la cause à travers le symbole de l’alpaga du meme. La chose que je retiens de cette épisode est que, bien que pour une période limitée, les netizens chinois ont réussi à communiquer leur position envers le régime sans pouvoir être repérés numériquement, grâce à l’ironie, à sa difficulté de détection explorée dans le chapitre d’avant, et à son pouvoir réactionnaire théorisé par Berardi. 

Le deuxième exemple de meme qui thématise une volonté d’isolement envers les algorithmes est le « Angry/Sad Reacts Only ».

C’est suite à la récente implémentation d’alternatives au « like » de la part de Facebook, que ce nouveau meme s’est manifesté. Le meme consiste dans des photos drôles avec un texte « Angry Reaction Only » ou « Sad Reaction Only ». Le concept est le même pour les deux variantes, donc je choisis de me concentrer sur la première uniquement pour analyser son emploi. Diffusé surtout sur Facebook, ce meme problématise l’emploi d’emoji et la conséquente possibilité de détection par les algorithmes des émotions des utilisateurs, en suggérant que si tout le monde réagissait aux posts avec des emojis qui ne reflètent pas leur émotion, ça serait possible que ces dernières ne soient pas repérables par les enquêtes. Comme dans le cas du Grass Mud Horse, l’ironie (l’appel à réagir avec une emoji qui ne correspond pas à celle ressentie, même aux posts de nature non-memetique) est ici exploitée pour porter l’attention sur des aspects politico-sociaux, dans ce cas liés à la détection des états d’âme plus précis envers les posts. Pourtant, au contraire de l’exemple précédent, la couche d’ironie dans une réaction de Facebook est très difficilement perceptible par une machine, notamment grâce à son minimalisme (juste une emoji). Tout est flou, toute émotion est confondue dans un chaos très proche du non-sens, mais qui est en réalité imprégné d’ironie (ou de post-ironie), qui trouble et qui pousse à l’interprétation et à l’analyse qualitative. Ces deux exemples, ces deux réactions symbolisent une volonté de se cacher, de s’isoler et dans certains cas de se protéger du strict pragmatisme numérique/algorithmique qui est très intéressant dans notre époque, pour la manière dont nous communiquons et surtout en ce qui concerne les memes studies.


Conclusion

Comme j’ai expliqué dans ces chapitres, il est possible de noter un problème épistémologique concernant les memes studies et la multiplication de l’ironie sur le Net. Par exemple, une analyse des tendances ou des goûts fortement centrés sur l’approche quantitative risquent d’être fallacieux, vu qu’il est, à l’instant (avec la technologie actuelle), difficile de distinguer contenus sincères et contenus ironiques. De cette manière la pratique ironique a un potentiel, comme le témoignent les memes proposés avant, réactionnaire et politique, qui force la logique d’interprétation dans un monde dominé par l’immédiateté. Mais qu’est-ce que nous réserve le futur ? Il est difficile à prévoir. Il est important qu’on porte attention à ce problème de l’ironie sur le net en ce qui concerne l’analyse des données des enquêtes statistiques. Une possibilité serait de renoncer à des analyses trop qualitatives sur ces repérages quantitatifs, l’autre serait l’affinement des algorithmes de détection, donc le développement d’un outil qui permet de comprendre et diviser les contenus visuels/textuels selon leur contexte et donc leur ton.


[1]Avec le terme accélérationnisme, inexistant en langue française, je renvoie au concept théorisé par Nick Srnicek and Alex Williams, qui théorisent la contemporaine accélération des pratiques capitalistes, comme source de changement sociale inversé et paradoxal.
[2]Pour cette définition je me suis basé sur le site Urban Dictionary, https://www.urbandictionary.com/define.php?term=Dank%20Memes.
[3] Espaces comme https://www.reddit.com/r/dankmemeshttps://www.reddit.com/r/MemeEconomy, http://boards.4chan.org/s4s/, https://www.facebook.com/cuminassbro2/.
[4] Il est possible de voir que Google, dans son algorithme pour le Visual Meme Tracking, ne considère pas trop le contexte et néglige totalement le type de ton des memes. Hill, M. L., Kender, J. R., Natsev, A. I., Smith, J. R., & Xie, L. (2010). Visual meme tracking for social media analysis. Google Patents. https://www.google.com/patents/US20120102021.
[5]L’expression « River Crab » renvoie (par la similarité sonore du mot) à l’harmonisation forcée de la société par le gouvernement chinois et par la censure. De manière similaire au « Grass Mud Horse » l’affichage de cet animal, dans ce cas un crabe, sur Internet est une forme d’expression anti-censure et anti gouvernement.
[6] L’expression « netizen » est un portmanteau de mots « net » et « citizen ». Elle fait donc référence aux gens actifs dans les communautés online. Aujourd’hui elle fait référence surtout aux communautés d’internautes chinois engagés socialement et politiquement.

Sources

Abidin, Crystal. 2018. «The World Made Meme. Book Review», in Asiascape: Digital Asia 5, pp. 255-260.

Antoniou, G., Clin, E., Deliens, G., Kissine, M., Ostashchenko, E. 2017. «Context, facial expression and prosody in irony processing», in Journal of Memory and Language 99, pp. 35-48.

Barbe, Katharina. 1995. Irony in Context, Amsterdam-Philadelphia, John Benjamin Publishing. 

Beaude, Boris. 2012. Internet. Changer l’espace, changer la société. Limoges, FYP.

Börzsei, Linda K. 2013. Makes a Meme Instead: A concise History of Internet Memes, Utrecht University, March.

Buscaldi, D., Reyes, A., Rosso, P. 2012. «From humor recognition to irony detection: The figurative language of social media», in Data & Knowledge Engineering 74, pp.1-12.

Chan, Casey. 2013. «What Exactly is a Meme», in Gizmodo, 6 août 2013, Consulté à l’adresse https://gizmodo.com/what-exactly-is-a-meme-512058258

Deleuze, Gilles. 1990. «Post-scriptum sur les sociétés de contrôle», in Pourparlers, Paris : Editions de Minuit, pp 240-247.

Deseriis, Marco. 2012. «Irony and the Politics of Composition in the Philosophy of Fanco “Bifo” Berardi», in Theory & Event, Volume 15, Issue 4.

Holt, Macon. 2017. «Re-fanging Irony: Infinite Jest and Capitalist Realism», in Ark Review/Essays, 13 avril 2017, Consulté à l’adresse http://arkbooks.dk/defanging-capitalist-realism-re-fanging-irony

Lesage, Nelly. 2017. «Ce que nous disent les mèmes de l’évolution du web entre 2016 et 2017», in Numerama, 07 avril 2017, Consulté à l’adresse https://www.numerama.com/pop-culture/247614-ce-que-nous-disent-les-memes-de-levolution-du-web-entre-2016-et-2017.html

Jenkins, Eric S., « The Modes of Visual Rhetoric: Circulating Memes as Expressions», in Quarterly Journal of Speech, 100:4, pp. 442-466.

Reyes, P., Rosso, P. 2012. «Making objective decisions from subjective data: Detecting irony in customer reviews», dans Decision Support Systems 53, 754-760.

Reyes, P., Rosso, P. 2014. «On the difficulty of automatically detecting irony: beyond a simple case of negation», in Knowledge and Information Systems 40, pp. 595-614.

Segev, E., Nissenbaum, A., Stolero, N., Shifman, L. 2015. «Families and Networks of Internet Memes: The Relationship Between Cohesiveness, Uniqueness, and Quiddity Concreteness», in Journal of Computer-Mediated Communication, pp. 417-433.

Shifman, Limor. 2013. «Memes in a Digital World: Reconciling with a Conceptual Troublemaker», in Journal of Computer-Mediated Communication, pp. 362-377.

Shifman, Limor. 2014. «Defining Internet Memes», in Memes in Digital Culture, Cambridge, MIT Press.

Shifman, Limor. 2014. «Future Directions for Internet Meme Research», inMemes in Digital Culture, Cambridge, MIT Press.

Shifman, Limor. 2014. «May the Excessive Force Be With you: Memes as Political Participation», in Memes in Digital Culture, Cambridge, MIT Press.

Lucas Taddei